Section 1 Définitions et règles
Définition 1.1.
Une matrice \(A\) de taille \(n\times p\) est un tableau de scalaires à \(n\) lignes et \(p\) colonnes:
où \(a_{ij}\in \K\) pour tous \(i,j\text{.}\) On note souvent, plus synthétiquement,
On note \(\mathcal M_{n,p}(\K)\) l'ensemble des matrices de taille \(n\times p\) à coefficients dans \(\K\text{.}\) Si \(n=p\) on note \(\mathcal M_{n}(\K)=\mathcal M_{n,n}(\K)\text{.}\)
Les matrices de taille \(n \times 1\) sont appellées matrices-colonnes (ou vecteurs-colonnes: on les identifiera d'ailleurs souvent aux vecteurs de \(\R^n\)).
Les matrices de taille \(1\times p\) sont appellées matrices-lignes (ou vecteurs-lignes).
Exemple 1.2.
- \(\displaystyle A=\begin{pmatrix} 1\amp \sqrt{3}\amp -2\\ 5\amp 1.1\amp 4 \end{pmatrix} \in\mathcal M_{2,3}(\R);\quad a_{11}=1,\quad a_{2,3}=4 \)
- \(B=\begin{pmatrix}
1+2i\amp 3\\
4i\amp \sqrt{2}+\sqrt{2}i
\end{pmatrix} \in\mathcal M_{2}(\C)\)
✑ Qui est \(b_{21}?\) et \(b_{12}?\)
\(C=\begin{pmatrix} 1\\1\\-5 \end{pmatrix}\in \mathcal M_{3,1}(\R)\simeq \R^3\) est un vecteur-colonne.
\(L=\begin{pmatrix} 0\amp 3\amp -3\amp 4 \end{pmatrix}\in \mathcal M_{1,4}(\R)\) est une matrice-ligne.
Remarque 1.3.
En général, on ne fera pas la différence entre une matrice de taille \(1\times 1\) et son unique coefficient, qui est un scalaire: \(\mathcal M_1(\K)\simeq \K\text{.}\)L'égalité de deux matrices se définit par l'égalité de leurs tailles et de leurs coefficients:
Définition 1.4.
Deux matrices \(A\) et \(B\) sont égales si elles ont même taille \(n\times p\) et mêmes coefficients:
Exemple 1.5.
Les matrices \(A=\begin{pmatrix} 18\amp a\\ 5\amp 2\\ 3 \amp 1 \end{pmatrix}\) et \(B=\begin{pmatrix} 18\amp \pi \\ 5\amp 2\\ 3 \amp 1 \end{pmatrix}\) sont égales ssi \(a=\pi\text{.}\)
En revanche, les matrices \(D=\begin{pmatrix} 1\amp b\\ b\amp 2 \end{pmatrix}\) et \(B=\begin{pmatrix} 1\amp 5 \\ 3\amp 2 \end{pmatrix}\) ne sont pas égales, quel que soit le paramètre \(b\text{.}\)
-
Les matrices
\begin{equation*} \begin{pmatrix} 1\\ 2\\ -3\\ e^2 \end{pmatrix} \text{ et } \begin{pmatrix} 1\amp 2\amp -3\amp e^2 \end{pmatrix} \end{equation*}ne sont pas égales: elles n'ont pas la même taille.
On va sommer deux matrices de même taille coefficient par coefficient, et de même pour les multiplier par un scalaire:
Définition 1.6.
-
Soient \(A,B\in \mathcal M_{n,p}(\K)\text{.}\) Leur \(somme\) \(C=A+B\) est la matrice de taille \(n\times p\) définie par
\begin{equation*} c_{ij}=a_{ij}+b_{ij}. \end{equation*} Soient \(A\in \mathcal M_{n,p}(\K)\text{,}\) \(\lambda\in \K\text{.}\) On note \(\lambda \cdot A\) la matrice de \(\mathcal M_{n,p}(\K)\) dont les coefficients sont \(\lambda a_{ij}\text{,}\) \(1\leq i \leq n, 1\leq j \leq p\text{.}\)
Exemple 1.7.
Introduisons quelques notations naturelles:
Notations: Soit \(A\in\mathcal M_{n,p}(\K)\text{.}\)
- On note \(0_{n,p}\) la matrice de \(\mathcal M_{n,p}(\K)\) dont tous les coefficients sont nuls.
- On note \(-A\) la matrice \((-1)\cdot A\) et on l'appelle l'opposé de \(A\text{.}\)
- On note \(A-B= A+(-B)\text{.}\)
Quelques propriétés peu surprenantes:
Proposition 1.8.
Soient \(A,B\in \mathcal M_{n,p}(\K)\text{,}\) \(\lambda,\mu\in \K\text{.}\) On a:
- Associativité: \(A+(B+C)=(A+B)+C\text{;}\)
- Commutativité: \(A+B=B+A\text{;}\)
- Element neutre: \(A+0_{n,p}=A\text{,}\) \(A+(-A)=0_{n,p}\text{;}\)
- Distributivité: \((\lambda+ \mu)A=\lambda A+ \mu A\text{,}\) \(\lambda(A+B)=\lambda A+ \lambda B\text{.}\)
Montrons par exemple le point 4.
Preuve.
Le \((i,j)\)-ème coefficient de la matrice \((\lambda+ \mu)A\) est, d'après notre définition de la mutliplication,
ce qui, d'après les bonnes vieilles règles de calcul basiques sur \(\R\text{,}\) vaut
Or, \(\lambda a_{ij}\) est le \((i,j)\)-ème coefficient de la matrice \(\lambda A\) et \(\mu a_{ij}\) est le \((i,j)\)-ème coefficient de la matrice \(\lambda A\text{.}\) Doe là, d'après notre définition de l'addition de matrices,
est le \((i,j)\)-ème coefficient de la matrice \(\lambda A + \mu A\text{.}\)
Ces deux matrices ont la même taille et les mêmes coefficients, donc elles sont égales.
✑ Montrez les autres points !
Ces propriétés nous permettent de calculer avec des matrices de façon très intuitive: ainsi, si \(A,B,C\) sont trois matrices de même taille,
Ce genre d'expression s'appelle une combinaison linéaire des matrices \(A,B,C\text{:}\) les règles d'addition et multiplication scalaire sont choisies pour qu'on puisse facilement traiter ce genre de choses.
Plus généralement, si on a \(k\) matrices de même taille \(A_1,\ldots,A_k\) et \(k\) scalaires \(\lambda_1,\ldots,\lambda_k\text{,}\) on peut former la combinaison linéaire:
Exercice 1.9.
(a)
Soient \(A_1=\begin{pmatrix} 0\amp -1\\0\amp 0 \end{pmatrix}, A_2=\begin{pmatrix} 1\amp 0\\0\amp 2 \end{pmatrix}, A_3=\begin{pmatrix} 0\amp 2\\1\amp 0 \end{pmatrix}\) dans \(\mathcal M_2(\R)\text{.}\)
✑ La matrice \(B=\begin{pmatrix} 1\amp 5\\2\amp 2 \end{pmatrix}\) est-elle combinaison linéaire de \(A_1,A_2,A_3\) ?
Si \(B\) est combinaison linéaire de \(A_1,A_2,A_3\text{,}\) alors il existe \(\lambda_1,\lambda_2, \lambda_3\) 3 réels tels que \(B=\lambda_1 A_1 + \lambda_2 A_2 + \lambda_3 A_3\text{.}\)
Calculer \(\lambda_1 A_1 + \lambda_2 A_2 + \lambda_3 A_3\text{.}\) A quelle condition cette matrice est-elle égale à \(B\text{?}\)